J+76-77 / Chasse à la girafe

Il est venu le temps du safari. Nous avons quitté la petite ville de Moshi où nous avons fait un tour dans le marché couvert pour acheter de quoi subvenir à nos besoins alimentaires pendant deux jours. Au menu : mangues, bananes, fruits de la passion, tomates, boite de thon, riz et deux œufs durs que nous avons dérobés à la cantine de notre hôtel. Premier objectif le « Colobus Moutain Lodge » à l’entrée du Parc d’Arusha, au pied du Mont Meru, qui était le plus haut sommet d’Afrique il y a quelques millions d’années. Je vous épargnerai les détails du voyage jusqu’au lodge, si ce n’est le dernier où nous avons été pris en stop par une camionnette d’assistance d’une course de voitures genre Bullit qui avait lieu dans la région.
Arrivés au lodge, nous sommes confortablement installés dans un bungalow genre hutte tanzanienne version luxe. Murs blancs, toit de paille, lit à baldaquin et ce petit nid d’amour prend place dans un jardin à la végétation fleurie et luxuriante. Le décor est planté. Demain nous partons au petit jour pour découvrir les merveilles de ce petit parc que nous pouvons explorer en partie à pied, retour au lodge prévu dans deux jours. Nous avons rendez-vous le lendemain avec un ranger qui sera notre guide et le soir nous prévoyons de dormir dans un refuge au cœur du parc.
Ce jour tant attendu par Laetitia arrive, chaque nuit elle rêvait de girafes, d’éléphants, de zèbres et autres bestioles qui habitent l’imaginaire des mzungus – étrangers en Swahili – que nous sommes…cela devenait cauchemardesque pour moi, alors j’ai sorti les dollars et je lui ai offert son safari à ma petite chérie. Nous prenons un petit déjeuner très consistant dans l’immense salle à manger du lodge. Ce décor nous change de nos habituels lieux de gîtes qui au mieux possèdent une douche et des toilettes fonctionnelles. Nous sommes en plein luxe et c’est le lodge le moins cher que nous ayons trouvé. Je m’égards, revenons à nos girafes. Nous sommes à l’entrée du parc et réglons les formalités administratives, en dollars bien entendu ; et nous nous mettons à la recherche d’une voiture qui pourrait nous emmener au centre du parc, point de départ des randonnées. Cela ne prendra pas longtemps car en Tanzanie on ne laisse jamais un mzungu seul dans la jungle, bref nous voilà à bord d’une superbe Subaru 4×4 sans âge sur une piste caillouteuse. Au premier virage un peu sec, nous voyons apparaître sur notre gauche le long coup de dame girafe. Laetitia est aux anges. Notre chauffeur réattaque en première, prend le virage suivant comme il peut, nous manquons de rester coincés dans une ornière bien trop haute pour notre voiture de course plus adaptée au rallye sur route qu’à la piste pleine de nids de poules que nous sommes en train d’emprunter. Heureusement ça passe et nous découvrons à la sortie du virage une petite savane où nous retrouvons notre girafe accompagnée d’autres dames girafes, de zèbres et de buffles courrant dans le lointain.
Quelques minutes plus tard nous arrivons au poste de ranger, où nous attend Naceri, ranger armé comme il se doit, que nous avions contacté l’avant-veille et qui avait eu la gentillesse de réserver pour nous une hutte dans le lodge car nous n’arrivions pas à joindre l’hôtel. Nous commençons notre randonnée direction le mont Meru chargés de nos sacs remplis de victuailles pour les deux jours. Après quelques minutes de marche nous découvrons encore une petite savane où paisse un troupeau de buffles, tandis que des phacochères gambadent joyeusement. , dominant la situation, quelques girafes traversent avec élégance cette scène des plus africaine. Pendant que nous commençons l’ascension, Naceri nous apprend qu’il n’y a qu’un chemin de promenade et que le reste du parc doit se faire en voiture…espérons que nous pourrons trouver quelques touristes pour parasiter leur voiture, ce qui nous éviterait d’avoir à en louer une, payer l’entrée de la voiture et celle du chauffeur, ce qui nous ferais une dépense supplémentaire de 120 dollars sans compter nos entrées à 35 dollars par tête !
En attendant profitons de la grimpette. La savane laisse place petit à petit à la jungle. Une végétation plus dense, de plus en plus de lianes, des arbres gigantesques chargés de mousse, tandis que d’autres laissent tomber leurs racines aériennes vers le sol… Des cris de singes dans le lointain, sifflement d’oiseaux. Quel délice de plonger dans cette anarchie tropicale. Après une heure de marche nous arrivons à l’arbre sacré du Mont Meru, il forme une arche tellement grande que les éléphants peuvent passer en dessous. Cet arbre est sacré pour les Masais, quand les pluies se font rare, ils viennent y prier pour invoquer la pluie salvatrice. Le pente devient de moins en moins ardue, nous laissons sur notre gauche un marais de montagne, quelques torrents forestiers et devant nous les arbres deviennent plus rares pour laisser place à un panorama exceptionnel : à 50 kilomètres de nous se dessine le plus haut sommet d’Afrique, le Kilimandjaro. Comme à son habitude il a la tête dans les nuages ; cela n’enlève rien à sa majesté volcanique.
C’est l’heure de la redescente, retour dans la forêt par un sentier encore plus petit que celui que nous avons emprunté à l’aller. Nous découvrons dans la canopée quelques singes Colobus, très proches de ceux que nous avions vu lors de notre promenade au « point zéro du café » en Ethiopie. On pourrait qualifier ces Colobus de royaux par rapport à leurs cousins d’Ethiopie qui ont le poil plus court. Sur le chemin nous découvrons quelques crânes, dont un qui est celui d’un buffle qui a blessé un ranger lors d’une randonnée. Il est midi l’heure de la pause déjeuner au cœur de la forêt, nous nous installons sur un tapis de mousse et nous régalons de notre repas très frugal. Quelques minutes plus tard nous débouchons sur une étendue de sable noir, laissé la il y a quelques millions d’années lors de l’irruption du mont Meru. Sur ce sable quelques arbustes essayent de survivre, cet espace est traversé par un torrent, nous le remontons et arrivons au pied d’une falaise qui se resserre pour finir au pied d’une chute d’eau de plus de 50 mètres. Nous sentant très petit nous faisons demi-tour et retrouvons la savane où nous avions abandonnées nos girafes, buffles, phacochères il y a quelques heures. Nous longeons la rivières les regardant brouter paisiblement. Il est 14h30, de retour à la porte des rangers, nous essayons de nous organiser pour le lendemain ; rapidement nous arrivons à la conclusion que nous ne pourrons pas continuer notre safari sans louer de voiture. Le chauffeur du matin qui travaille dans le parc, flairant la bonne affaire nous propose de faire le tour du parc avec sa Subaru avant que le parc ne ferme ses portes. Il nous demandes 70 dollars, après une courte réflexion nous acceptons, un safari en voiture de course cela ne se refuse pas, même si celle-ci est hors d’âge. Nous repartons à l’assaut des pistes accidentées du parc, et même si la voiture est une quatre roues motrices, elle du mal à franchir les obstacles qu’un Land-Rover passerait sans peine. Nous complétons notre paysage animalier : dik-dik – une sorte de mini gazelle – , gazelles des eaux, hyènes, hippopotames, singes bleus et babouins Gellada. Pour achever ce « game drive », le chauffeur gare sa voiture au sommet d’un cratère de plus de deux kilomètres de diamètre ; celui-ci s’est formé lors de l’irruption du mont Meru à 10 kilomètres de là ; cela donne la mesure de la force de l’irruption. Notre très sympathique et très malin chauffeur qui a aussi été un bon guide nous dépose au lodge, nous lui laissons notre nourriture que nous ne pourrons pas utiliser puisque nous n’aurons plus de cuisine à disposition avant longtemps. Notre safari est écourté d’une journée, mais nous avons tout de même pu voir l’essentiel du parc à l’exception des éléphants qui sont cachés dans la montagne en cette saison. Heureux, nous retrouvons notre petite hutte de luxe, une bonne douche et nous prenons place dans l’immense salle à manger du lodge que nous avons pour nous tous seuls, la saison touristique n’est pas commencée et les safaristes sont encore rares.

Laetitia et Stan

7 réflexions au sujet de « J+76-77 / Chasse à la girafe »

  1. Anonyme

    Ah, ça, ça impressionne la mitraillette!Le sapin est dans le salon, il fait 1° dehors, c’est bientôt foie gras time…Mais moi aussi j’veux voir des girafes! (enfin, ailleurs qu’au zoo de Vincennes hein…) Bises les loulousEmilie

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  2. Rico

    Rhalala ça fait du bien de vivre vos aventures par écrit, on aimerait être avec vous et les girafes.Et Stan avec une kalach, rien que ça, ça mérite le détour 🙂Rambo V c’est pour bientot ?Bises à vous deuxRico et Sara

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  3. Laetitia Natali & Stanislas Marçais

    Clem et Rico vous avez changé de mail ? Sioul.org existe toujours ? Je vous ai envoyé un mail mais pas de réponse…heureusement que le blog fonctionne. Pour info nous sommes à Madagascar, mais nous n’avons pas encore eu le temps d’écrire la suite du blog mais dejà le rythme malgache nous gagne alors ne vous inquietez pas trop… bises à tous

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